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Rencontre avec Amaya Gomis, directrice artistique du Queen Classic festival

 Peux-tu te présenter ? 

Je m’appelle Amaya Gomis, j’ai 30 ans, je suis née et j’ai grandi à Biarritz. Je suis directrice artistique dans la production audiovisuel et en parallèle j’ai co-fondé un festival avec Margaux & Aimée Arramon-Tucoo, le Queen Classic Surf Festival.


Ce week-end, aura lieu la 3ème édition du Queen Classic Surf Festival, comment est né ce projet  ?

Le Queen s'est créé assez naturellement autour de conversations, à première vu plutôt banales, mais récurrentes. On était face à un réel questionnement : comment le surf est-il représenté aujourd’hui ? Et notre constat, c'est que malheureusement dans l’inconscient collectif le surf c’est encore un homme blanc, blond, aux abdos luisants et une femme mince blonde au bikini rikiki qui l’attend sur la plage.

On a alors commencé à se poser pas mal de questions : qui a créé et entretenu cette image ? Où se trouve la place des minorités et leurs représentations dans la culture surf ? Car si beaucoup de sports ont fait de réels progrès à ce sujet, le surf reste encore un sport essentiellement d’hommes cis blanc, hétérosexuels privilégiés. Il y a encore à ce jour dans la presse spécialisée (SURFER JOURNAL, SURF SESSION...), dirigé par des hommes, trop peu voir aucune visibilité des minorités, des femmes, ou membres de la communauté LGBTQ+. Outre ces sujets, capitaux pour nous, il y avait aussi la volonté de faire de l’associatif, du social et de permettre avec le Queen de remettre au centre de la vie locale, les jeunes du pays basque.

 

Un festival créé par des femmes pour les femmes, raconte nous.

Le Queen a effectivement était créé par des femmes, mais surtout il a été créé dans un but inclusif. Autour du Queen on veut représenter tous les genres, les couleurs, les milieux sociaux. Nous sommes toutes les trois privilégiées, nous avons grandi au dessus de la Côte des Basques, et surfons depuis toujours ! On injuste que le surf ne soit accessible et représenté que par une certaine couche de la population surtout quand on connait ses bienfaits ! Le Queen c’est un festival gratuit et inclusif qui s’organise autour d’un village associatif avec des associations LGBTQ+, écologiques, sur la contraception masculine, sur l’accessibilité au produits hygiéniques féminins … C’est une compétition de surf avec les meilleures free surfeuses mondiales et des expressions sessions en équipe mixte, ou intergénérationnel. Il y a aussi des concerts avec des Dj 100% féminin qui sensibilise dans les milieux festifs en créant des safes places, mais également des collectifs avec des danseurs qui se battent contre le racisme et font de la piste de danse des lieux de tolérance.

Le Queen c’est aussi des podcasts les pieds dans le sable autour de vrais sujets le Surf est-il homophobe ? ou l’iconographie du Bikini.

Les Queen c’est la possibilité d’avoir accès à des expositions contemporaines gratuites que ce soit sur le site avec des artistes renommés et issus de la communauté LGBTQ+, du Pays Basque, ou essentiellement féminine. Nous collaborons également avec la galerie Champs Lacombe à Biarritz qui exposera l’artiste designer architecte Gaetano Pesce, qui est une légende. 

Le Queen tente de flirter avec plusieurs médiums, avec une direction artistique pensée par des femmes mais accessible à tous/tes !

Le festival se déroulera à la plage de la Côte des Basques, peux-tu nous parler de ce lieu et ce qu’il représente pour toi ?

Nous avons grandi au dessus de la Côte des Basques, c’est notre piscine à nous, notre jardin, l’endroit ou l’on passe probablement 80% de notre temps. Aujourd’hui, ce lieu si spécial pour nous est menacé par le tourisme de masse et c’est également pour cela que nous avons crée le Queen. Nous voulons tenter de préserver durant deux jours cette plage qui nous a vu grandir en permettant à nos familles, à nos amis, voisins et à tous les acteurs qui nous soutiennent de se réapproprier ce lieu si spécial. 


Vous dénoncez avec brio l'hypersexualisation dans le marketing du surf mais ne qualifiez pas pour autant le festival de « féministe » pourquoi ?

On pense qu’aujourd’hui malheureusement, tout à besoin d’être très étiqueté, on nous a d’ailleurs reproché de ne pas nous revendiquer féministe. Les mots que l’on veut mettre en avant et qui nous définissent c’est l’inclusion, le social, l’associatif. Pour nous ce sont ces termes que l’on veut mettre en avant, et évidemment le féminisme en fait partie mais on ne voulait pas qu’il y ait uniquement que ce mot qui ressorte par ce que pour nous le Queen c’est tellement plus que juste défendre la place de la femme dans les milieux sportifs. On tente à une échelle locale une reflexion sur l’accessibilité d’un élément naturel, en l’occurence l’océan. Est-il vraiment accessible à tous ? car quand l’on regarde le prix d’un loyer, hotel, airbnb ou d’un cours de surf à Biarritz on peut en douter. Et donc se pose la question de l’accessibilité au surf, à sa représentation à ce qu’il véhicule ? Cette année dans l’un des podcasts que nous organisons nous parlons de la combinaison comme d’un uniforme qui pourrait empêcher cette distinction économico- social mais est-ce vrai pour autant ? Ce sont ce genre de questionnements qui nous interroge et qui pousse l’association à ouvrir des débats, des ponts.