Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Charlotte Muller, professeure de Fertility Yoga à Paris.
C’est une pratique initiée aux États-Unis et que j’ai adaptée et développée en France. Il s’agit d’un yoga Hatha dont les postures sont spécifiquement sélectionnées pour créer de l’aisance dans le bas ventre, aider à l’ouverture de hanches et favoriser la vascularisation des organes du petit bassin. Il est pratiqué depuis 30 ans aux USA, et a fait l’objet d’études scientifiques dont la plus connue est celle d’Harvard University établissant que ce yoga multiplie quasi par trois les chances de succès des Fécondations In-Vitro.
Comment est née cette envie d’enseigner le yoga de la fertilité ?
Je n’ai pas toujours été professeure de Yoga. J’étais juriste de grands contentieux, spécialisée dans la résolution des litiges internationaux lorsque j’ai été diagnostiquée du syndrome des ovaires polykystiques à 27 ans. Le SOPK est la première cause d’infertilité chez la femme (environ 1 femme sur 5). Après plusieurs échecs de FIV, j’ai cherché les méthodes naturelles qui pourraient contribuer à améliorer l’équilibre hormonal et j’ai découvert l’étude menée par le Docteur Alice Domar à l’Université d’Harvard, recommandant un « mindbody program » en amont des FIV.
Comment avez-vous vécu cette annonce ? (Syndrome OPK)
Plutôt mal ! Après l’arrêt de dix ans d’une pilule décriée (Diane 35), je souhaitais simplement savoir pourquoi mes règles ne revenaient pas. J’ai finalement décidé de changer de gynécologue et pousser la porte d’un des plus grands spécialistes de l’infertilité. Le diagnostic fut quasi instantané et je n’y étais pas du tout préparée ! C’est simple, en dehors d’un court chapitre au programme de biologie au lycée, on n’explique pas assez aux jeunes femmes ce que sont les hormones et quel rôle fondamental elles jouent dans leur vie quotidienne.
Où avez-vous trouvé les informations nécessaires pour comprendre ce syndrome et essayer d’y remédier ?
Un syndrome n’est pas une maladie, il se caractérise par un nombre de symptômes qui peut varier d’une femme à l’autre. En 2013, lors de mon diagnostic, il existait très peu de publications en ligne sur le SOPK. J’avais dû me tourner vers son acronyme anglais PCOS (Polycystic Ovarian Syndrome) pour trouver des informations. Le site internet d’Alice Domar prônait de commencer par un rééquilibrage alimentaire riche en végétaux, tout en limitant le sucre et le gras saturé.
Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souffrent d’infertilité ?
J’aime assez l’adage de Bouddha « Ce que tu penses, tu deviens ».
Premièrement, je recommande à ces femmes de ne pas passer du temps sur des forums internet en la matière, cela entretient les pensées anxiogènes. Il faut être vigilante, car le sentiment de solitude et d’incompréhension croît et s’installe terriblement vite en PMA, surtout si l’on ne cultive pas de bonnes pensées. Loin de moi de prôner la méthode Coué, consistant à se répéter en boucles qu’une insémination ou une FIV fonctionnera, coûte que coûte, car l’échec serait extrêmement mal vécut.
En revanche, je suggère à mes élèves de se poser quotidiennement la question suivante : « quelle petite chose atteignable, quel petit bonheur cultivable, pourraient-elles s’accorder pour s’apporter de la joie aujourd’hui ? ». Concrètement, c’est bien de s’activer pour les autres, mais vous avez fait quoi, pour vous, aujourd’hui ?
Que représente pour vous la beauté holistique ?
Je suis persuadée qu’il faut commencer par se faire du bien de l’intérieur, pour le porter sur soi à l’extérieur. Avec mon déséquilibre hormonal, j’ai éliminé tous les produits de beauté qui pourraient perturber mon système endocrinien. Fini les tenseurs pseudo magiques et crèmes qui floutent. J’utilise des bons basiques de qualité, comme le Contour des Yeux Alaena ou l’Huile Nourrissante aux Pétales de Rose que j’adore.
Ma peau s’en porte beaucoup mieux, mais il n’est pas seulement question d’éviter une acné hormonale. Je constate aussi que plus j’adopte un mode de vie sain, (alimentation, mouvement, sommeil) plus je suis joyeuse avec des pensées de qualité.
Inversement, par exemple, le sucre raffiné que l’on sait addictif et inflammatoire aurait tendance à exacerber mon dérèglement hormonal, et venir provoquer des émotions et pensées un peu tristes chez moi.
Self-care isn't selfish, il faut prendre soin de soi à tous les niveaux.
Une rencontre professionnelle qui vous a marqué/inspiré ?
Plusieurs ! Même avec un quotidien chargé avec un bébé, j’essaie de rencontrer beaucoup de femmes inspirantes.
L’année dernière alors que j’étais enceinte de 4 mois, je me suis accordée une semaine de retraite de yoga entre femmes. Sylvie Ganter, la fondatrice d’Atelier Cologne, faisait partie des participantes. J’ai été touchée par tous ses conseils bienveillants sur la grossesse et par sa grande humilité professionnelle. Elle a récemment suivi la formation de naturopathie d’Odile Chabrillac et cela m’a beaucoup inspirée. Je pense m’y former également l’année prochaine.
Quels sont vos projets à venir ?
Je veux démocratiser le Fertility Yoga. Que toutes les femmes puissent y accéder et pratiquer en rythme avec leur cycle hormonal. Pour cela, j’ai lancé ma plateforme Fertility Yoga TV et j’y propose des cours quotidiens en direct, et VOD. C’est tout récent, et pour être solidaire avec toutes les femmes dont les traitements ont été suspendus avec le COVID-19, la plateforme est gratuite !
J’organise également des retraites de yoga trimestrielles. La prochaine sera début octobre au Pays basque.
Quel est votre mantra ?
" Ce que tu penses, tu deviens, ce que tu ressens, tu attires, ce que tu imagines, tu crées." Bouddha
Merci à Charlotte Lalo Muller d'avoir répondu à nos questions.
@lalocharlotte - Fertility Yoga TV
Photos: ©Charlotte Lalo Muller
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